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avoir les uns contre les autres, ils ne prennent plus les armes pour en tirer satisfaction.

Plus récemment les économistes se sont élevés contre les guerres entre citoyens, et laissant aux hommes politiques le soin de les qualifier et de les punir au moyen de lois spéciales ; ils ont démontré combien elles étaient ruineuses et comme elles allaient directement contre le but de ceux-là même qui en étaient les instigateurs. Ils disaient : « On a cru long-temps et à tort que les propriétaires fonciers étaient les plus intéressés au maintien de la paix et du repos public cette croyance était une erreur. Les industriels, les commerçants, les ouvriers surtout sont bien plus fortement atteints par les suites d’une émeute ou d’une révolution, que les propriétaires de terre et de maisons ; car la terre pas plus que les maisons ne sont détruites, elles restent toujours là ; on peut perdre une partie du revenu, mais le fonds reste toujours ; tandis qu’une insurrection fait subitement tomber les actions industrielles, arrête les affaires, suspend les commandes, ferme les ateliers et renvoie les ouvriers sur la place publique, sans salaire et sans pain. »

La justesse de ce raisonnement a frappé tout le monde, et depuis plusieurs années nous ne sommes plus désolés par le spectacle douloureux des scènes qui ont ensanglanté nos rues. On discute au lieu de se battre ce qui vaut infiniment mieux, et comme on ne pend plus les contradicteurs, ceux qui se trompaient ont le temps de reconnaître leur tort et de revenir à la vérité.