elle a occupé la sollicitude des magistrats de tous les pays et de tous les temps, qui, pour l’avoir mal comprise, ont aggravé le mal en voulant le guérir ; et, chose remarquable, l’expérience n’a pas eu d’enseignement pour nos pères car la question est venue depuis les Grecs et les Romains, dont nous allons dire quelques mots, jusqu’au 19e siècle, sans avancer d’un pas et plus embrouillée même par les mille essais auxquels on s’est livré, qu’elle ne l’était auparavant.
À Athènes, le trésor public était une espèce de bourse commune, non-seulement pour les besoins collectifs de la population mais encore pour les dépenses de chaque particulier. Tout citoyen était rentier de l’état depuis l’institution du théorique, sous Périclès, véritable jeton de présence accordé à la fainéantise patriotique et bavarde, et qui dégénéra bientôt en une taxe des pauvres. Dès-lors, le peuple athénien voulut être nourri et amusé aux dépens du trésor public, et il fallut inventer chaque jour des expédients nouveaux pour suffire aux consommations de ces discoureurs exigeants, qui délibéraient éternellement sans jamais rien produire. Le principe généralement admis était qu’aucun citoyen ne devait être dans le besoin et on accordait des secours à ceux que leurs infirmités corporelles rendaient incapables de pourvoir à leur subsistance. Le nombre des salariés était d’ailleurs fort considérable ; les orateurs se faisaient payer pour parler, le peuple pour entendre, les juges pour prononcer ; on accréditait deux, trois, et jusqu’à dix ambassadeurs auprès de chaque