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chose que vous aviez à faire, c’est de ne rien faire, c’est de ne pas y penser. Si des enfants se plaignent, renvoyez-les aux auteurs de leurs jours. Qu’ils s’en aillent et vous laissent tranquilles : il n’y a pas de couvert mis pour eux au banquet de la vie. — Rien de plus commode que cette morale pour l’homme d’état indifférent et pour le riche égoïste. Mais Malthus n’eut pas que des approbateurs, et tout d’abord on doit distinguer, dans le rang de ses adversaires, l’auteur de la Justice politique, Godwin, que j’ai déjà en occasion de vous citer.

Godwin, qui d’ailleurs écrivait avant Malthus loin d’accuser les hommes et la fatalité avait proclamé que rien dans la nature n’avait été créé pour mourir immédiatement, que le mariage était une chose sainte, et que les maux que Malthus classait comme des nécessités sociales, étaient occasionnés par les gouvernements vicieux. Peut-être poussa-t-il trop loin cette doctrine, et, sans doute, il y avait là, comme en beaucoup de choses, un milieu raisonnable à prendre. Quoi qu’il en soit, Malthus crut devoir lui répondre par son Essai sur la population. Godwin ne fit pas long-temps attendre sa réplique, et il écrivit de son côté ses Recherches sur la population, dans lesquelles il combattit avec succès le système de la progression géométrique inventée par Malthus.

Les travaux de ces deux écrivains furent repris par les partis en Angleterre ; Godwin se trouve naturellement l’économiste des whigs et des radicaux, tandis que Malthus vint en aide aux tories et aux conservateurs. La question sociale passa dans le