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Si les Anglais sont maîtres de l’Inde, c’est un peu parce qu’ils ont su y faire affluer leur numéraire. Pour nous, nous nous sommes toujours bornés, malgré notre envie, à regarder pour ainsi dire, ce pays avec un télescope, et nous n’avons su en tirer aucun profit. Les Américains du Nord s’y sont ménagé un marché pour leurs fourrures et leurs soies fabriquées ; les Anglais et les Hollandais en ont fait le débouché de leurs draps ; tous en ont retiré la soie écrue qui a toujours valu de l’or, pour nous qui n’en produisons pas assez, et le thé qui est devenu d’une consommation quotidienne.

Que de commandes ne pourrait-on pas faire, si tout ce numéraire qui chôme aujourd’hui recevait un débouché convenable ; et qui pourrait limiter le déploiement de l’industrie qui en résulterait !… Mais, dira-t-on, combien de fois une chute terrible n’a-t-elle pas été la conséquence d’un crédit trop aventureusement développé. Sans doute, Messieurs, cela est encore à craindre. Tous les jours aussi, en multipliant les machines à vapeur, on multiplie les chances de celles qui peuvent sauter en l’air ; mais si le crédit est une machine sujette à explosion, on peut y adapter des soupapes ; car lorsqu’une banque dépasse une émission de trois fois son capital, proportion que donne l’expérience, elle est avertie par les nombreuses demandes de remboursement. Et ce n’est que parce que certaines banques ont dépassé cette limite et ont abusé de leur crédit qu’elles se sont ruinées.