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devenus des amateurs passés maîtres en liqueurs fortes, leurs gosiers sont à l’épreuve des alcooliques les plus brûlants, et la liberté du commerce, quelque grande quelle fût, ne serait pas capable de faire vendre un dixième de plus de nos vins au détriment des boissons incendiaires du Portugal, à côté desquelles un enfant de la Grande Bretagne trouvera toujours le Bordeaux fade et sans vigueur.

L’extension donnée à la culture de la vigne en France a donné au commerce des vins de Bordeaux un coup presque aussi terrible que le traité de Méthuen. Plusieurs clos anciens produisent aujourd’hui dix fois plus qu’ils ne produisaient ; et, d’un autre côté, on a fait de nouvelles plantations dont les vins se sont fait une réputation aussi belle que ceux de Bordeaux ; et les vins de Bourgogne, de Champagne, d’Italie, d’Allemagne, de Russie s’emparent de tous les debouchés. L’élan est tel en pays étrangers, que les concurrents de ces derniers ont à leur tour des rivaux ; sur les bords du Rhin, en Suisse, en Hollande, ou fait des mousseux à meilleur marché qu’en Champagne, et plus loin la Hongrie nous prépare une nouvelle défaite. S’il est une culture essentiellement indigène en France, c’est celle de la vigne ; on pourrait même dire que les vins sont les produits par excellence du territoire français. Aucun pays du monde n’en offre une plus grande variété, ni de plus agréables et de plus appropriés à tous les goûts, et pourtant les vins généreux de la côte du Rhône, les mousseux de Champagne, et surtout les vins délicats salubres et parfumés de Bordeaux,