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tenait quelques pièces d’or. À la vue de ce métal tant vénéré, une joie fort expressive se manifesta sur sa physionomie. Comme on lui demandait la cause de cet épanouissement subit, il répondit, en montrant l’or : « quel dommage que je n’aie pas de monnaie ; je vous changerais cet or. — Et pourquoi donc ? — Ah ! c’est que, voyez-vous, l’or, ça se garde… ! Ce fait, Messieurs, n’est point un fait isolé. En France trop de gens ont encore la manie de garder le numéraire. Un bon quart est ainsi retiré de la circulation, et son influence est complètement neutralisée. Au lieu de le consacrer à l’achat d’actions industrielles, on le consacre à l’oisiveté, et l’industrie est souffrante et paralysée. Quoi qu’il en soit, 2 milliards de numéraire, c’est encore énorme comparativement à ce que possèdent l’Angleterre et les États-Unis. Mais malgré notre richesse apparente, nous sommes loin d’avoir fait autant que les États-Unis, avec leur 560 millions de billets de banque et les 342 millions de numéraire qu’ils ont constamment fait affluer dans les banques, pour servir de garantie aux billets. Des déserts ont été transformés en villes, et le voyageur qui ne parcourait, il y a vingt ans, que des plaines incultes, trouve aujourd’hui sur ses pas une série de jardins et de villes qui semblent s’être élevées par enchantement. Quand on examine attentivement les résultats obtenus avec ces chiffons de papiers, on est toujours tenté de comparer ce moyen à celui qu’emploie un directeur de théâtre qui, pour figurer une