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fouiller dans les poches de personne ; cependant on estime qu’il est assez près de la vérité.

D’un autre côté, notre énorme capital de 4 milliards, composé, suivant les appréciations les plus raisonnables, de 3 milliards en argent et de 1 milliard en or, depuis les modifications qu’a nécessitées l’introduction du système décimal, n’est pas entièrement au service de l’industrie. On estime que le quart environ du numéraire de la France est exporté, soit en pièces de monnaies, soit en objets d’art ; et sur les trois autres milliards, il faut encore ôter un milliard qui reste oisif entre les mains des avares et surtout des poltrons. Et quand je dis poltrons, je ne parle pas seulement de ceux qu’une prudence plus ou moins raisonnable empêche de prendre part aux développements de l’industrie ; mais encore de ces milliers de possesseurs qui croient toujours qu’un génie supérieur, et malfaisant n’a d’autre occupation que celle de convoiter leur or. Que de bonnes gens en province qui redoutent encore l’apparition subite de quelque pacha turc qui viendra enlever leur trésor avec des cavaliers ! Ces craintes plus que ridicules, et quelques malheurs arrivés de temps à autre à l’industrie, ont fait attribuer au numéraire certaines propriétés qui en font aux yeux de beaucoup de personnes la richesse par excellence. À ce sujet qu’il me soit permis de vous citer une anecdote dont j’ai été témoin. Très-souvent de petits faits servent d’explication à de grandes choses. « Un honnête campagnard faisait devant moi un paiement. Le tiroir dans lequel on plaçait la somme qu’il apportait, con-