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damné à se mettre en campagne pour aller trouver le minerai. C’est surtout cette difficulté de transport qui rend la condition des fers si déplorable. Aussi les trois quarts de nos fers sont-ils obtenus par de vieux procédés et avec le charbon de bois, dont la fabrication nécessite la destruction de nos forêts, comme si une génération ne devait penser qu’à elle, et avait le droit de léguer aux races futures un sol dépouillé.

La navigation du petit cabotage et du long cours est aussi un élément de prospérité pour un pays. Mais combien sa situation est effrayante en France ! Quelle sensation pénible se manifesta sur les bancs de la Chambre, lorsque M. Thiers présenta le chiffre de nos bâtiments ! Quel sentiment de peine et de confusion inspirèrent ces révélations sorties d’une bouche officielle ! Le tableau était en effet bien affligeant. Vous le jugerez vous-mêmes ainsi, quand nous entrerons dans ces détails. Le mal est signalé ; mais personne n’a encore cherché à y porter remède. Cependant il ne suffit pas d’étaler ses plaies, il faut penser à les guérir. Nos études y contribueront peut-être.

Cet autre élément de prospérité, que j’ai eu l’occasion de vous signaler sous le nom de capital moral, vaut bien aussi la peine qu’on y songe. De deux hommes qui s’acheminent dans la même carrière, l’un est intelligent, connaît et sait apprécier les conditions d’une entreprise ; l’autre ignorant et inhabile, manque de coup-d’œil et de cette vigueur morale qui conduisent à la réussite et à la fortune. Tous deux, quoique partis du même