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ni ceux de Nîmes et d’Avignon qui font les articles mêlés de laine et de coton. On peut donc, sans se montrer trop exagéré, porter le chiffre que je viens de vous citer à 250 millions de francs. On évalue le nombre des ouvriers à cent quatre-vingt mille hommes. Plus des cinq sixièmes des produits manufacturés de la France sont exportés de Lyon, et le reste des autres parties de la France. On estime que Lyon vend aux États-Unis trois fois plus qu’à la France, et même plus à l’Angleterre seule qu’à la France entière. C’est là ce qui explique l’instabilité de cette industrie. En effet, vous le savez, c’est la guerre du président Jackson avec les banques, qui, en ébranlant le crédit américain et le crédit anglais, a arrêté les commandes sur lesquelles la population lyonnaise devait prélever ses profits et le pain des ouvriers pour lesquels nous souscrivons en vain aujourd’hui.

En examinant les soieries mélangées, on est frappe de la fâcheuse influence du haut prix des laines longues et des cotons filés fins. En effet, nous ne fesons gères que pour 30 millions de cet article tout-à-fait populaire, et déjà les Anglais qui savent si bien tout l’avantage qu’on a, en faisant des petits bénéfices infiniment répétés en s’adressant aux masses, nous ont déjà dépassé et de beaucoup ; et leur production en étoffes de soie mêlée de laine et de coton s’élève à cent vingt millions ! Voyez donc encore une fois la singulière anomalie de nos lois de douanes, les soies étrangères peuvent venir chez nous librement, et les cotons filés ont constamment été arrêtés par les