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appendice inséparable de la guerre des canons. Le système continental, qui est le beau idéal du régime prohibitif, a été à l’industrie cotonnière, ce qu’est une serre chaude à la végétation ; il a forcé l’action de la nature ; l’une et l’autre ne peuvent vivre avec l’air de la liberté.

La loi de 1816, perturbatrice de tant d’industries, confirma toutes les prohibitions de la loi de 1806 ; elle alla même plus loin ; elle ordonna la réexportation de tous les tissus étrangers qui se trouvaient en France, et pour assurer l’exécution de cette mesure, elle fut jusqu’à autoriser des visites domiciliaires, des saisies et des amendes. L’histoire des tarifs n’offre pas d’exemples d’une semblable protection, qui donnait à la délation et à l’espionnage domestique la sanction de la loi. Ces dispositions étaient tellement vexatoires qu’on fut obligé de les abandonner en partie et de tolérer l’industrie illégale de la contrebande, correctif ordinaire de toutes les mauvaises lois de douanes. Il n’y eut pas de recherches, passé le seuil du fabricant, dont les magasins furent en quelque sorte un lieu d’asile où arrivèrent surtout les filés de coton des numéros élevés, que nous ne produisions pas, et sans lesquels nos mousseliniers de Tarare, de Saint-Quentin, ne peuvent travailler.

Pendant 15 ans, on resta dans cette position. On disait aux fabricants : Faites nous des étoffes ; quant au fil, prenez-le où vous pourrez ; nous n’en faisons pas, mais nous vous défendons d’en demander à nos voisins qui vous en offrent : c’est,