sans prendre la peine de les enlever et de les replacer dans la châsse. On introduisait à la même époque l’ourdissoir ou dévidoir prismatique, connu depuis long-tems dans l’industrie des laines. En 1750, il s’éleva une seconde classe de marchands ou maîtres en futaine qui résidaient dans la campagne et employaient les tisserands. Ils se rendaient toutes les semaines au marché de Manchester et vendaient les pièces aux marchands de la ville qui les teignaient et les expédiaient ensuite par les voitures des messagers, pour les lieux où on les leur avait commandées. En 1760, on ne faisait pas pour plus de 5 millions de francs de cotonnades ; mais à partir de cette époque, Manchester exporta des futaines en quantités considérables pour l’Italie, l’Allemagne et les colonies du nord de l’Amérique, au point que les fileurs ne pouvaient pas fournir assez de trame aux tisserands. La fabrication attendait une nouvelle impulsion d’un homme du peuple, autre Colomb, dont le génie a fait aussi la gloire d’un second Améric. Un jour, c’était en 1763 ou 1764, un modeste fabricant de peignes à tisser, Thomas Highs, dont vous entendez peut-être le nom pour la première fois, se trouvant à Leigh, dans le Lancashire, chez un de ses voisins, vit entrer le fils de celui-ci tout abattu par la fatigue et l’ennui ; ce jeune homme avait couru toute la matinée pour avoir de la trame sans pouvoir en trouver. Dès cet instant Highs ne cessa de combiner dans son esprit une machine capable de fournir de la trame en assez grande quantité. Cette idée le conduisit
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