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acheter les triomphes de la science au prix des souffrances de l’ouvrier. Les économistes qui nous ont précédés avaient constaté ce fait, et ils nous l’ont signalé dans leurs écrits et dans leurs leçons ; mais ils ne nous ont pas indiqué comment on pouvait en prévenir le retour ; aussi est-ce là aujourd’hui la grande question économique sociale que tous, gouvernants et gouvernés, citoyens et ministres, nous sommes appelés à étudier et à résoudre ; nous lui consacrerons un examen approfondi.

L’introduction des machines perfectionnées dans le travail des manufactures devait encore avoir d’autres résultats que nous aurons à étudier : ainsi elles ont créé des combinaisons qui ont concentré les propriétés dans quelques mains, elles ont mis le plus grand nombre au pouvoir de quelques-uns, et tout le monde, maîtres et ouvriers, à la merci d’une crise commerciale, d’un engorgement de produits par défaut de débouchés. Ne sont-ce pas là, messieurs, des questions importantes et dignes de nous occuper ?

C’est surtout en Angleterre que ces divers inconvénients se sont fait sentir avec plus de force. Là, le sol manquant aux bras qui voulaient l’exploiter, les ouvriers ont été forcés de se livrer exclusivement au travail des manufactures, et bientôt ils se sont fait entr’eux une concurrence ruineuse, homicide, qui a amené la réduction des salaires, et avec elle la taxe des pauvres et le nombre des déportations à Sidney-Smith et au Port Jackson.

Il n’en a pas été de même en France, parce que la terre n’y manque pas aux bras, et que la pro-