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découverte de l’imprimerie. À cette époque les dix mille écrivains, peintres, copistes, qui avaient satisfait seuls jusque là aux besoins de la science et de la pensée, furent mis à la réforme par les caractères mobiles et la presse de Guttemberg et de Faust ; mais quelques années après l’imprimerie employait plus de 50 mille ouvriers, aujourd’hui il y en a plus d’un million ! Il en fut de même pour les nouvelles machines introduites dans la filature et le tissage du coton ; s’il y eut au bout d’un certain temps un nombre considérable d’ouvriers employés, il y eut aussi pendant un instant un certain nombre de travailleurs privés de leur salaire ordinaire. Et il pouvait difficilement en être autrement ; car un seul fileur produisait autant avec la Mule Jenny, que 250 fileuses au rouet, et dans la fabrication des indiennes un homme aidé d’un enfant imprimait autant d’aunes de calicot que jadis 100 hommes et 100 enfants. Heureusement cet état de souffrance et de malaise pour une partie de la population ouvrière ne fut que transitoire et de très courte durée ; les besoins de la fabrique, ceux de la consommation augmentèrent dans une proportion telle que non seulement tous les anciens travailleurs trouvèrent à s’occuper, mais qu’ils se multiplièrent d’une manière surprenante ; dans le comté de Lancastre, par exemple, la population qui n’était en 1801 que de 672,000 habitants s’élevait en 1834 à plus de 1,400 mille.

Cette crise était grave néanmoins, grave surtout parce qu’elle devait se reproduire avec chaque machine nouvelle ; parce qu’elle devait faire