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individus, dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. Aucune prospérité n’est aujourd’hui tout à fait isolée dans le monde ; aucune infortune ne se borne à un petit nombre de victimes. Ce ne sont pas seulement les rivalités nationales, qui disparaissent avec les distances, ce sont aussi les haines et les préjugés ; et le monde entier cesse d’être une grande arène pour devenir une grande association.

Pendant long-temps on s’est renfermé dans un individualisme étroit ; on a cru ne pouvoir obtenir d’avantages, de richesses, de puissance, qu’aux dépens de ses voisins ; et de là sont venus les systèmes d’exploitation des faibles, de tarifs rigoureux et hostiles, de garantie contre la concurrence étrangère.

Aujourd’hui, grâce aux lumières répandues par l’économie politique, on commence à revenir de ces erreurs ; les barrières de douanes disparaissent peu à peu ; on abandonne le régime absurde qui faisait repousser les produits de peuple à peuple, et amenait tous les désastres d’une disette au sein d’une abondance rendue stérile. C’est un triste spectacle que celui auquel on assiste en voyant dans l’histoire, combien de nations auxquelles la Providence s’était attachée à prodiguer le plus de bienfaits, les plus rares trésors, les richesses naturelles les plus variées, ont repoussé tous ces dons, ou n’y ont touché que pour les corrompre ; et combien de peuples qui, pour être heureux, n’avaient qu’à le vouloir, ont végété durant des siècles dans une igno-