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Maisons de Plaisir

du tablier blanc est assez répandu dans la bourgeoisie aisée — paraît un peu gêné.

— Mademoiselle ! dit-il tout bas, en se rapprochant de l’insouciante fille, est-ce que je ne pourrais pas vous parler ailleurs que dans la rue… au café, par exemple ?… si vous vouliez m’écouter un instant, vous ne le regretteriez pas, je vous assure.

La bonne a jugé-le monsieur et elle sait que ce n’est pas un blagueur. Il sent le bourgeois cossu et elle n’a pas peur — si elle marche — du lapin.

— Je ne dis pas, répond-elle, mais, pour l’instant, il n’y a rien de fait… Je suis pressée. Je suis même rudement en retard, vous savez, et je n’ai pas le temps de vous tenir le crachoir… Ma patronne va m’en fiche un savon… C’est pour un roux, ma farine… et mon beurre est sur le feu…

— Je comprends… Je comprends ! dit doucement le monsieur. Et je ne veux pas vous faire gronder, mon enfant… Mais, pourtant, voyons, il y a bien un moyen d’arranger les choses… Vous êtes si gentille… Et je serai gentil avec vous… Écoutez, ce soir, à quelle heure êtes-vous libre ?

— Ce soir ?… Ben, ma foi, pas avant neuf heures… Et encore !… Ce n’est pas dit qu’on me lâchera avant la demie… C’est une boîte… Pardi, comme partout… Maintenant, si vous n’êtes pas pressé et que ça vous aille de poireauter pis que là, on pourrait peut-être se voir…