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et Distractions Parisiennes

pourriez lui offrir une fortune, elle vous enverra promener.

C’est tout son bonheur que ces heures-là ; c’est pour cela qu’elle tolère d’être en « maison » et elle entend qu’on lui fiche la paix.

Elle ne l’envoie pas dire à celui qui insiste.

Mais, à ce petit jeu-là, la prostituée, malgré les bénéfices énormes qu’elle réalise dans la grande « tolérance », ne s’enrichit pas, cela se conçoit aisément.

Celle qui se passe ce luxe, la pensionnaire raisonnable, avisée, que son intérêt seul guide, se retire, après ces années de jeunesse et de noce, avec une somme rondelette. Elle s’établit alors, devient commerçante, parfumeuse gantière, papetière, etc., et, lorsqu’elle a assez de la ville et du commerce qu’elle exploite, elle va terminer ses jours à la campagne.

C’est une sage, mais qui n’a pas beaucoup d’imitatrices.

Très rare aussi est la pensionnaire qui a la chance de tant plaire à un client que celui-ci la retire de la « maison » où elle travaille.

Pourtant, cela arrive de temps à autre.

Presque toujours, dans ce cas, la fille, lancée, protégée par le monsieur riche qui s’intéresse à elle, fait son chemin et devient courtisane, grande courtisane souvent, à moins que, fait exceptionnel, mais non sans exemple, elle devienne sa femme.