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et Distractions Parisiennes

Ensuite, c’est l’atelier qui l’a reçue, dès qu’elle fa gagné quelques sous, la mère, le père s’en emparaient.

À la fin, la petite s’est révoltée. Cette vie de misère, de lutte, de coups, l’a dégoûtée tout à fait.

Et, un beau soir, elle n’est pas rentrée au logis paternel.

Sa jeunesse, sa soif de vivre, son besoin d’espace et de liberté, l’ont fait planter là parents, atelier et vertu.

Elle s’est donnée à un monsieur quelconque. Elle ne se fait pas d’illusions, la belle enfant. Elle en a trop vu dans sa vie, pour croire que son séducteur ne la quittera pas un jour, à son tour. Mais elle est philosophe. Elle est jeune, gaie, et elle prend l’existence du bon côté.

Quand le moment du lâchage sera arrivé, s’il le faut, elle reprendra le chemin de l’atelier.

En attendant, elle profite de la circonstance. Il y a tant de femmes comme elle à Montmartre, qu’elle a vite fait des relations. Et, lorsque son amant n’est pas là elle va chez une amie. Elles déjeûnent, elles sortent ensemble, elles organisent des petites parties.

La petite femme de Montmartre vit d’une vie un peu bohème, cela va sans dire. Celle qui prend son rôle de ménagère au sérieux est plutôt rare et ne se trouverait sans doute pas heureuse dans le milieu dans lequel elle vit. Aussi, elle est l’exception et nous n’en parlerons pas autrement.