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malade, pour veiller à ce que vous ne manquiez de rien pendant la nuit.

— Mais puisque je me sers moi-même mes potions et que je pourrais appeler au besoin cette grosse endormie de Nanette, je ne conçois pas pourquoi vous vous imposez tant de fatigue. C’est absurde.

— Ne vous animez pas, monsieur Maudhuy, cela vous est mauvais, dit la veuve en souriant. Parlez-moi plutôt de la façon dont vous vous êtes gouverné cette nuit. Vous vous êtes un peu plaint vers deux heures.

— Oui, je m’endormais pour de bon, mais j’avais oublié ma pauvre jambe ; j’ai voulu me retourner et la douleur m’a prouvé que je ne le pouvais pas.

— Ensuite vous avez agité vos bras hors des couvertures. J’ai failli aller vous demander ce qu’il vous fallait, mais j’ai craint d’accroître votre fièvre en vous contrariant par ma présence. Vous souffriez beaucoup, n’est-ce pas ?

— Non, pas plus que d’habitude. Ce qui m’est le plus pénible, c’est de sentir ma jambe engourdie dans cet étui où le docteur l’a fourrée ; les bobos que j’ai partout le corps seraient supportables si j’avais la liberté de mes membres, si je pouvais remuer. Je n’avais pas la fièvre cette nuit ; je ne crois pas, du moins, car mes idées n’étaient pas embrouillées. Je suis certain que je me serais endormi sans ma jambe éclopée. Ce réveil désagréable m’a causé une insomnie pendant laquelle