plaisir qu’aurait sa femme à recevoir un ami, le déconcertèrent. Il commençait néanmoins à trouver M. Limet habile à voiler les vérités déplaisantes lorsqu’il lui fut démontré que son amphitryon n’insistait qu’en raison de sa connaissance intime du caractère de sa grondeuse moitié.
La mère et la fille, en toilette d’apparat, attendaient au salon. Cette fois, Mlle Reine ne prit pas sa course dès qu’elle vit entrer le jeune homme. Assise très droit sur sa chaise, les joues aussi animées que le fichu de crêpon cerise qui se nouait à son corsage, les yeux modestement baissés, elle fit au visiteur une lente inclination de tête quand il la salua, puis elle reprit cette immobilité à pose étudiée qui est le port d’armes des jeunes filles peu usagées…
Quant à Mme Limet, son amabilité avait mis toutes voiles dehors. Elle parlait au jeune homme de sa mère, de sa soeur, de son cher oncle si malheureusement blessé. Elle se disait ravie d’avoir le privilège de recevoir M. Charles Maudhuy dès le jour de son arrivée. Il serait sans doute reçu médiocrement… le village offrait si peu de ressources ! mais si les moyens de l’accueillir étaient bornés, il ne manquerait rien du moins du côté de l’amitié.
Ce flux de paroles était si abondant que Charles avait peine à trouver le temps d’une action de grâces. Quant au notaire, il jubilait. Il faisait craquer ses doigts, arpentait le salon à petits pas et regardait Charles d’un air triomphant qui signifiait :