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sinuant, la réponse du notaire se perdit pour Charles dans un bredouillement confus, symptôme évident d’une autorité maritale réduite à plaider humblement une cause ardue.

— Et un Parisien encore ! reprit Mme Limet exaspérée. Un monsieur qui ne trouvera rien de bon, qui pignochera dans ses assiettes et qui se moquera de notre réception villageoise par-dessus le marché.

— Ah ! par exemple… protesta le notaire.

— Enfin, tu as fait la sottise ; c’est à moi de la subir, comme toujours. Promène-moi M. Charles Maudhuy une heure ou deux. On tâchera d’être en mesure ; mais c’est sans égards pour moi, monsieur Limet, tout à fait sans égards, en un jour tel qu’aujourd’hui.

Au moment de rentrer à la maison notariale, après une longue promenade qui l’avait excédé, Charles eut envie de ne pas affronter la moue qu’il attendait de la maîtresse de la maison ; il essaya de s’esquiver sous un prétexte de fatigue et de manque d’appétit qui n’était pas un pur compliment ; mais le notaire s’accrocha à son visiteur, en l’assurant que Mme Limet n’excuserait pas ce manque de parole.

Cet argument était si peu attendu, que Charles faillit tout à la fois éclater de rire, avouer ce qu’il avait entendu, et s’en autoriser pour prendre congé bonnement, afin de ne pas gêner ; mais l’insistance du notaire, la chaleur qu’il mettait à attester le