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enfumé au-dessous d’un vaste chaudron de cuivre.

Le notaire ouvrit la porte vitrée de la maison et, après avoir suivi le vestibule en corridor qui traversait le rez-de-chaussée dans toute sa longueur, il entra le premier dans une pièce où Charles le suivit en devinant qu’on lui faisait les honneurs solennels du salon. Ses oreilles l’en avaient prévenu, car elles avaient été écorchées à l’avance par les notes de la Marche de Faust frappées à contre-mesure et souvent à faux sur un piano par une écolière malhabile.

Il faisait sombre dans ce salon dont les volets étaient à demi fermés de crainte du soleil et des mouches ; le visiteur ne distingua presque pas la pianiste, qui bondit sur son tabouret et le renversa dans la précipitation de sa fuite, dès qu’elle eut aperçu un étranger. M. Limet alla d’abord pousser les volets d’une fenêtre pour donner un peu de lumière à son visiteur qui, arrivant du grand soleil, était comme aveugle dans cette pénombre et se heurtait aux meubles ; puis, quand le filet de jour eut éclairé un salon en acajou tendu de velours rouge, aux glaces recouvertes d’une gaze de tarlatane, il fit signe à Charles de prendre place sur le canapé qui avoisinait une table ovale chargée d’albums de photographie et il lui dit en riant :

— Vous n’aviez sans doute pas l’idée, vous, Parisien, d’une sauvagerie semblable à celle de ma fille, n’est-ce pas ?

— Ah ! c’est à Mlle Limet que j’ai fait si grand’peur ?