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Les vieillards sont sensibles à l’émotion du moment. Vous voici près de M. Maudhuy et votre cousin Carloman en est bien loin. Je ne vois donc pas pourquoi vous feriez mauvaise figure à bonne chance. Notez que vous ne vous doutez point, tout homme de chiffres que vous soyiez, de l’importance de la succession de votre oncle. Il est trop cachottier pour faire des confidences, même à son notaire ; mais, depuis plusieurs années qu’il a cessé de placer en terres ou en prêts hypothécaires le gros excédent de ses revenus, son capital a dû beaucoup augmenter. Il a beau le manœuvrer sans m’immiscer dans ses affaires, on ne trompe pas un vieux routier de mon espèce, et je vous garantis que l’avoir de M. Maudhuy atteint le million et demi, s’il ne le dépasse.

Ce fut en recevant ces révélations flatteuses que Charles suivit M. Limet jusqu’à la maison notariale située rue du Bief.

Un portail vert orné des panonceaux de cuivre s’ouvrait sur une cour pavée. La maison, petite et basse, n’avait qu’un seul étage sur son rez-de-chaussée ombragé d’une treille ; mais elle était accostée de deux ailes en retour. Celle de droite contenait l’étude. L’aile gauche, d’un usage tout domestique, servait de buanderie, comme en témoignait l’installation d’une cuve fumante autour de laquelle s’agitaient deux lavandières, tandis qu’une troisième femme de service alimentait de sarments et de branches de genièvre un feu brûlant dans un âtre