Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire bonne figure dans un rôle de fâcheux ; et ce rôle est le mien ici.

— Ah ! que vous êtes susceptible ! dit le notaire en élevant en l’air ses deux mains potelées ; vous avez pris pour une preuve d’indifférence cet ordre de ne pas venir ? Moi, je n’y ai vu que le vrai sentiment de votre oncle qui était de s’épargner, pendant son épreuve de santé, l’émotion d’une réconciliation avec sa famille. En m’indiquant le sens de la dépêche à expédier, il me disait : « Qu’ils viennent tous plus tard, quand je serai mieux, mais pas tout de suite. »

Charles hochait la tête par un geste d’incrédulité.

— Voyons, reprit le notaire, vous faut-il un argument décisif ? Il m’est possible de vous le donner sans manquer à mes devoirs professionnels. Si votre oncle avait une antipathie décidée contre vous, ne lui aurait-il pas été facile de la mettre en action, par trois lignes de testament.

— Eh bien ? demanda le jeune homme avec une curiosité avide qu’il ne chercha pas à cacher.

— Eh bien ! les affaires qu’il a traitées par mon ministère, et mon ancienne familiarité avec lui, m’autorisaient, à mesure qu’il avançait en age, à lui insinuer de temps à autre qu’il est bon de disposer en pleine santé toutes choses telles qu’on désire les voir accomplies plus tard… quand on n’y est plus. Il m’a toujours renvoyé bien loin par cette réponse : « Quel besoin ai-je de tester ? Est-ce que