Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

derne, en dessinant une pelouse ornée seulement de deux corbeilles de rosiers. Un rideau de lilas occupait la plate-bande le long du mur qui bordait la route de Beaumont. Cette pelouse, au-dessus de laquelle un vernis du Japon étendait son ombrage élégant, était enserrée par deux allées dont l’une longeait la haie, l’autre, les lilas plantés contre le mur. C’était tout ce que contenait l’enclos, beaucoup moins profond que celui de la grande maison. Le fond de cet enclos, tout tapissé de lierre, était le chevet de la construction des écuries dont la porte s’ouvrait sur la route de Beaumont.

Après quelques regards curieux jetés sur cet enclos modeste, Charles revint d’un pas distrait vers les parterres et il se trouva arrêté, sans y penser, devant le cadran solaire dressé à la croix des quatre allées.

Dans ses visites enfantines à Sennecey, ce cadran avait été pour lui la grande curiosité du jardin, et, lorsque sa curiosité au sujet de l’ombre marquant l’heure avait été satisfaite, elle s’était prise à un autre mystère et avait demandé l’explication de la devise :

COGITE ULTIMA

gravée en demi-cercle sur le cadran en pierre. Charles avait compris le sens littéral de la traduction : « Pense à ta dernière heure ! » mais en avait-il saisi la portée morale ?

Arrêté comme il l’était, tant d’années après ce jour-là, devant cette leçon du temps fugitif qui nous