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nomme Ruines de Rome. Cette plante retombante, répandue en festons sur le sable de la cour, formait, avec ses feuilles découpées et ses mille fleurettes lilas, une base gracieuse à cette pyramide verdoyante dont les feuilles lancéolées de lauriers-roses étaient le panache.

La même transformation s’était étendue au jardin dont les parterres abondaient en fleurs, sinon rares, du moins variées et disposées avec goût. Au fond, la charmille n’étendait plus au hasard ses pousses qui s’étiraient çà et là autrefois avec des attitudes biscornues. Le nouvel ordre établi avait restitué à la charmille sa coupe régulière en mur de verdure. L’habitation Maudhuy avait ainsi son unité et, en la regardant de l’angle de la charmille, par un coup d’œil qui prenait en écharpe les parterres, Charles avait devant lui un modèle des fonds que représentent tant de gravures du xviiie siècle, et notamment celles de Marillier.

Une haie d’églantiers de deux espèces, à fleurs citron et pourpre foncé, séparait ce jardin de l’enclos du petit corps de logis. Une porte à claire-voie pratiquée dans la haie, non loin de la terrasse, était sans doute le moyen de communication entre les deux résidences. Bien que cette porte fût entr’ouverte, Charles ne se crut pas le droit de la franchir, et ce fut par-dessus la haie qu’il examina l’enclos des Trassey.

Là, le jardinier, affranchi de toute régularité, de tradition et d’harmonie, avait sacrifié au goût mo-