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fois en cérémonie par un tablier de soie noire, indiquait en elle la ménagère prête à mettre la main à toutes les besognes. Elle n’avait pas songé à quitter cet insigne de ses fonctions pour venir parler au visiteur ; mais, en entrant au salon, elle s’aperçut de son oubli et roula son tablier pour le rejeter sous son bras gauche, tout en saluant Charles.

Après les premiers compliments, timides de la part de Mme Trassey, compassés de la part du voyageur, la première dit :

— Votre oncle se trouve trop faible pour pouvoir vous recevoir aujourd’hui. Il m’a chargée de vous demander si vos affaires vous laissent la liberté de séjourner ici quelques jours.

— Certainement, répondit Charles, qui ne put se tenir de faire sonner cette réponse un peu plus haut que le ton habituel d’une conversation. Vous pensez bien, madame, que je n’ai pas fait un si long voyage de nuit pour m’en retourner sans avoir embrassé mon oncle.

— C’est naturel, bien naturel, murmura Mme Trassey en baissant les yeux sous le regard du jeune homme qui paraissait la défier.

Elle était si troublée, qu’elle s’embarrassa dans deux ou trois phrases dont il lui fut impossible de compléter le sens ; ses mains fluettes se crispaient sur le tablier qui, tour à tour, se déroulait et remontait vers la taille, et lorsqu’elle sortit par un effort visible de cet état d’anxiété, ce fut pour dire à Charles :