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rémunérateur des marchés de Châlon ou de Tournus, et de toutes les pièces de la maison, la cave était certainement la plus honorablement meublée.

Puis, par nonchalance ou dédain du décorum extérieur, M. Maudhuy avait laissé se dégrader tout ce qui ne compromettait pas la solidité de sa maison. S’il ne manquait pas une ardoise au toit, bien des vitres restaient brisées aux fenêtres de ce second étage qui, sans usage dans cette famille composée de deux personnes, n’était hanté que par les ébats des souris. Les volets, lavés par la pluie de nombreux hivers, ne gardaient que des vestiges de peinture. Deux marches du perron branlaient dans leur gaîne de ciment, mais il n’y avait qu’à poser le pied d’une certaine façon pour éviter de les faire bouger. M. Maudhuy trouvait plus simple d’en prévenir ses visiteurs que de payer une demi-journée de maçon pour obvier à cet inconvénient.

Voilà comment Charles avait vu la maison Maudhuy huit ans auparavant et il se croyait certain de la retrouver dans le même état d’incurie villageoise. Il fut donc surpris lorsqu’en arrivant avec le docteur Cruzillat auprès de l’habitation de son oncle, son premier coup d’œil lui fit apercevoir un changement d’aspect dans l’ensemble de la façade.

Pas une vitre ne manquait aux fenêtres qui étaient toutes garnies de rideaux blancs, en tulle brodé au premier étage, en mousseline brochée au second. Des plantes grimpantes en caisse se treillageaient sur le réseau du balcon en fer forgé et recourbaient