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cinq marches jusqu’au balcon du grenier faisant une saillie ronde sur la rue et muni d’une poulie pour le transport aérien des fourrages, tout attestait, non pas des prétentions seigneuriales de bourgeois riche, mais une aisance soucieuse du bien-être, et ce goût éminemment français qui assortit, harmonise toutes choses.

Mais depuis que les jardins de cette maison avaient été plantés dans l’ancien style, avec parterres carrés et charmilles au fond, trois générations de Maudhuy ne l’avaient habitée que par raccroc, lorsque le comte de Glennes était à Paris ou en voyage et que les soins de la régie laissaient quelques jours de répit. Après avoir longtemps gardé l’aspect morne des habitations inoccupées, elle n’avait pas repris son bel air d’autrefois lorsque Carloman Maudhuy était venu y résider. Il aurait fallu à ces vastes pièces un mobilier en rapport avec leur élévation, leurs boiseries en moulures, leurs trumeaux et leurs dessus de porte peints.

Mais ni Carloman Maudhuy, tout absorbé par son exploitation agricole, ni sa femme, élevée à la campagne et dans des principes d’économie liardeuse, n’avaient compris la nécessité de changer les vieux meubles de la régie pour s’installer d’une façon en rapport avec le style de leur habitation. Ils n’avaient occupé qu’une partie du bâtiment, laissant le reste à l’abandon, ou plutôt s’en servant comme de décharge. Le salon était souvent encombré de sacs de blé qui attendaient un cours