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qui parlait là. La vue de son héritier naturel n’est pas agréable à un blessé qui vient d’esquiver la mort et qui se dit : « Voilà celui qui aurait joui de tout ce qui m’appartient sans le hasard heureux auquel je dois la vie. » C’est même cette crainte de voir la figure de son héritier qui a provoqué une crise heureuse, une réaction de vitalité dans l’état de M. Maudhuy. Après avoir employé inutilement tous les moyens connus pour lui faire retrouver sa connaissance, on avait fini par parler tout haut devant lui. J’étais moi-même persuadé qu’il n’était pas en état de nous entendre. Julien, qui était éploré, c’est une justice à lui rendre, m’a dit qu’il venait de prévenir madame votre mère de l’accident. Aussitôt, le blessé, que nous tenions inerte entre nos bras, et dont je croyais le cerveau envahi par une apoplexie séreuse due à la chute d’un étage qu’il avait faite, le blessé s’est agité, a ouvert les yeux, a poussé des gémissements, et s’est repris à la vie avec une énergie dont témoignaient ses regards et la pression subite de ses mains sur nos épaules. Après les premiers soins, je suis allé vers son bureau pour écrire une prescription, et à mon retour près de son chevet, je l’ai entendu ordonner très distinctement à M. Limet l’envoi immédiat d’un second télégramme destiné à vous arrêter. Le notaire ne se l’est pas fait répéter et quand j’ai voulu protester, le malade m’a dit de m’occuper de mon affaire et de voir ce qu’il avait de cassé ou d’entamé sur le corps. Oh ! c’est un vieux chêne, ce Carloman Maudhuy, et je ne serais pas