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de M. Maudhuy. Quant au rôle de M. Limet, de la part d’un notaire, il est singulier.

— Vous n’y êtes pas, mon jeune ami, les choses ne sont pas aussi peu compliquées que vous les faites. D’abord Julien Trassey n’est pas aussi pauvre que vous vous le figurez. Si son père ne possédait guère que sa retraite d’officier, sa mère avait et a su conserver sa petite ferme qui vaut une trentaine de mille francs. L’éducation de son fils ne lui a rien coûté ; Mme Maudhuy, la marraine de Julien, y pourvoyait. Ce jeune homme se destinait à la carrière militaire, il se préparait pour Saint-Cyr. Tout à coup, volte-face. Il est revenu à Sennecey où M. Maudhuy l’a dressé à vendre et à acheter dans les foires, à surveiller les récoltes, à compter avec les fermiers, à faire ses affaires d’argent à Mâcon, en un mot à toutes les opérations qui concernent l’état de propriétaire foncier. Moyennant ces services, Julien Trassey est devenu peu à peu le second, le factotum de votre oncle, et il est considéré d’autant mieux comme l’enfant de la maison, qu’il prend ses repas avec M. Maudhuy, ainsi que sa mère. Bien qu’habitant le petit corps de logis que vous connaissez, et qui accote sur la rue la grande bâtisse des Maudhuy, les Trassey passent leur vie avec votre oncle dont Mme Trassey gouverne les servantes. Ce mode d’existence a permis à Julien de mettre chaque année de côté le produit de ses petites terres. Dès les premières années, M. Martin Limet, qui n’avait pas encore pensé à lui pour sa fille, van-