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duits merveilleux par lequel le docteur débuta, et il avait déjà rappelé trois fois son hôte à la question du jour, lorsque M. Cruzillat lui dit, en lui lançant un regard malin par-dessus ses lunettes :

— Que vous êtes donc simples, vous autres Parisiens ! vous n’avez donc pas remarqué comment j’ai expliqué votre présence ici devant ma servante Fanchette ? Et depuis que nous arpentons ces allées, n’avez-vous pas vu ma vieille Fanchette traverser deux fois le perron ? Elle m’a aperçu vous montrant mes espaliers et faisant ensuite des gestes de propriétaire en vous présentant mon poirier-duchesse. La voilà édifiée sur ce que nous disons ici. Elle est rentrée dans sa cuisine en se disant : « Ce jeune monsieur en a pour une heure à écouter les idées de M. le docteur sur chaque arbre. »

— Mais, pardonnez-moi, qu’importe ce que peut penser votre servante ?

— Ô Parisien, trois fois Parisien, vous ignorez donc que dans les petits pays le moindre fait est tourné et retourné jusqu’à ce qu’on en ait extrait, non pas la vérité, mais la donnée qu’on souhaite. Demain, au marché, Fanchette rencontrera d’autres servantes. Là, ou chez les fournisseurs, elle pourrait dire, ou en le répétant, on lui ferait dire : « M. Charles est venu d’abord consulter mon maître pour savoir au juste si M. Maudhuy est guérissable, etc., etc. » Cela vous nuirait, car ce serait répété à votre oncle et dans le sens le plus malveillant.

— Mais, objecta Charles un peu décontenancé,