Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par échappées le château en Espagne d’un héritage complet…

Le train avait dépassé depuis longtemps les gorges accidentées qui avoisinent Dijon. Les blanches lueurs de l’aube avaient succédé au scintillement des étoiles, évanoui dans l’azur. Déjà quelques signes de réveil animaient les paysages que le train traversait. Une troupe de faucheurs entrait en file dans une prairie par une bouchure d’épines, rejetée de côté ; quelques attelages matineux trottinaient sur les routes, et des ménagères se rendant au marché cheminaient portant de larges paniers plats proprement recouverts d’un linge roux.

Mais Charles ne remarquait rien des choses du dehors, tellement il était enfoncé dans son rêve. Il était encore perdu dans ses combinaisons qui allaient jusqu’aux détails minutieux lorsqu’à un arrêt du train, la voix du conducteur le fit tressaillir. Elle répétait sur le ton monotone de ces appels :

— Châlon-Saint-Côme ! Châlon-Saint-Côme !

— Mais je suis arrivé ! s’écria Charles en se dressant pour prendre sa valise ; il se précipita d’un bond hors du train et faillit renverser un employé du télégraphe qui se présentait à toutes les portières des voyageurs en demandant :

— M. Charles Maudhuy est-il ici ?

— C’est moi qui suis Charles Maudhuy, répondit-il à l’homme qui, après avoir esquivé son choc, adressait derrière lui cette question aux voyageurs