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tir Cécile sans faire nulle mention d’elle, sans insister pour qu’on la lui confiât. S’il avait tenu à sa compagnie, ne se serait-on pas empressé de lui envoyer chaque année sa nièce à l’époque des vacances ? Mais il ne l’avait jamais réclamée et Cécile s’était épuisée vainement en témoignages de respect affectueux dans ses lettres. Pauvre Cécile ! Par bonheur, son frère penserait à la caser et d’une façon profitable pour la famille entière.

C’est que Charles n’était pas un jeune homme aspirant aux jouissances vulgaires de l’oisiveté. Il savait, pour l’avoir calculé bien des fois, qu’il allait hériter d’un million, à quelque chose près. Un million ! ses idées parisiennes rabaissaient fort la valeur de ce mot, qui dépasse tant d’ambitions provinciales. Ce million, si longtemps convoité, attendu, n’allait pas être pour Charles le gage de son désœuvrement futur, mais, tout au contraire, l’outil d’une belle fortune à créer.

Avec un million, initié comme il l’était depuis des années au maniement des intérêts de Bourse, il allait pouvoir se livrer à des opérations fructueuses, lui qui jusque-là n’avait pu les combiner que d’une façon idéale, à peu près comme les joueurs sans le sou suivent à Monaco les hauts et les bas du jeu en piquant des épingles sur des cartons.

Il lui faudrait un second pour manœuvrer ces gros intérêts, et quel autre trouverait-il plus intelligent, plus dévoué, qu’Albert Develt, son confident, son ami, dont le coup d’œil fin apercevait