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V

Le train express de nuit allongeait sa traînée rapide sur les rails. L’intérieur des wagons présentait le spectacle comique des installations diverses à l’aide desquelles les voyageurs sollicitaient le sommeil et suppléaient à l’incommodité de l’attitude assise. Un seul ne songeait pas à dormir et son agitation dans son coin, les mouvements nerveux par lesquels il ouvrait et baissait la glace tour à tour pour se donner de l’air ou pour retrouver la tiède atmosphère du wagon finirent par impatienter son vis-à-vis, paisible négociant qui s’était enfoncé jusqu’aux oreilles sa casquette de voyage et qui, les jambes emmaillotées dans une couverture malgré la douceur de la saison, prétendait n’avoir pas fait en vain tous ces préparatifs de repos.

Après quelques grognements inarticulés, mais significatifs chaque fois que son voisin lui envoyait à la figure des bouffées d’air en ouvrant la glace, il finit par s’éveiller tout à fait en sentant que la place était disputée à ses jambes par le piétinement continuel et les brusques évolutions de son compagnon de route. Alors, il redressa sur son front d’un