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il est homme de parole, met à exécution tout ce qu’il annonce, et après tout, je dois rendre hommage à la façon dont il honora sa défaite dans son débat contre mon fils. Après s’être mis dans une colère atroce, et m’avoir reproché tour à tour ma faiblesse maternelle, ma vanité, ma morgue contre les gens et les choses de la campagne, il sortit pour se rafraîchir la tête par une promenade dans son jardin. Quand il reparut, il était calme et me parla sur un autre ton :

« — Ma sœur, me dit-il, puisqu’il est entendu que vous me quittez dans trois jours pour retourner à Paris, nous avons un compte à régler ensemble. Votre fils, ce jeune homme important qui promet de faire votre fortune et qui veut s’en charger à lui tout seul, ne gagnera pas dès la première année de quoi faire aller votre ménage sur le pied habituel.

« Je crus qu’il allait m’humilier par un secours accompagné de ses railleries habituelles et je lui répondis que j’étais résignée à me priver des petites aises dont j’avais joui jusque-là. J’entrais même dans le détail, quand il m’interrompit brusquement :

« — Ta, ta, ta ! Je vous répète que nous avons un compte à régler ensemble et voici lequel… Notre prétention, à nous autres Maudhuy, notre unique gloriole, c’est de ne rien devoir à autrui, de ne faire tort à qui que ce soit. C’est cette idée qui a soutenu mon frère Louis dans son malheur. Mais sa mort vous a fait du tort, à vous… Voyons, ne