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dégénéraient souvent en scènes violentes entre M. Maudhuy dont le sang est vif, et Charles, toujours trop preste à la réplique. Je ménageais, je raisonnais tantôt l’un, tantôt l’autre, mais inutilement. Il n’y avait pas de moyen terme qui pût accorder deux volontés aussi opposées que les leurs.

« J’avais ma part des horions de paroles qu’ils échangeaient. Là où M. Maudhuy m’accusait de manquer de caractère, d’oublier ma dignité maternelle, Charles, avec cette chaleur de la première jeunesse dont l’expression exagère le sentiment réel, m’accusait de vouloir sacrifier son avenir à la question du pot-au-feu journalier.

« — C’est bien, concluait son oncle à la fin de chaque discussion, si tu refuses ton bonheur et celui des tiens, et que ta mère y souscrive, à votre aise. Je prendrai avec moi Julien Trassey. C’est le filleul de ma femme, et presque un parent pour moi. Il ne sera pas assez sot pour bouder contre les avantages que tu dédaignes.

« Ce Julien Trassey, dont vous avez dû plus d’une fois entendre le nom au cours de mon récit, est le fils d’un cousin de Mme Maudhuy, capitaine retraité presque sans fortune. Devenue veuve, sa mère habitait, moitié par charité, je pense, un petit corps de logis appartenant à la maison Maudhuy, et Julien, de l’âge de Charles environ, faisait alors ses études au collège de Châlon-sur-Saône.

« Cette menace de mon beau-frère s’est réalisée ;