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« Un mois plus tard, je fus arrachée à ma prostration morale par une discussion entre Charles et mon beau-frère qui, tous deux, faisaient appel à mon arbitrage. Je dus déposer le fardeau de ma douleur et me reprendre aux difficultés de la vie en décidant du sort de mon fils.

« Charles avait été destiné, par sa vocation et par l’éducation spéciale qu’il avait reçue, à débuter dans la banque sous la direction de son père. Une place lui avait été promise depuis longtemps, et même, avant notre malheur, il était décidé que Charles entrait au mois d’octobre dans les bureaux.

« Or, depuis notre séjour à Sennecey, le plan de M. Maudhuy était de garder mon fils auprès de lui, de l’employer à son exploitation agricole, d’en faire en un mot un second lui-même. Au prix de cette sorte d’adoption, mon beau-frère promettait de se charger de notre sort à tous les trois.

« Je croyais avoir épuisé tout ce qu’un cœur humain peut souffrir. Je vis là qu’on ne peut jamais se flatter d’une expérience complète à cet égard. Je dus subir, d’une part, les obsessions impérieuses de M. Maudhuy qui voulait me faire traiter Charles, un jeune homme de dix-huit ans, comme un enfant rebelle qu’on soumet par force ; et d’autre part, le combat entre les goûts de Charles pour la carrière qu’il s’était choisie et l’intérêt matériel de sa sœur, l’aisance qui m’était promise.

« Il y eut pendant quinze jours des débats qui