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plus d’âge à supporter sans peine la vie de garçon afin de permettre à sa femme et à ses enfants les plaisirs de la villégiature. J’en étais donc chaque année pour l’humiliation d’un refus. Par contre, après la grave maladie que fit mon mari, lorsque le docteur lui conseilla le changement d’air pour activer sa convalescence, M. Carloman Maudhuy, auquel je fis part de cette prescription sans oser espérer de lui un bon mouvement, confondit toutes mes préventions contre lui. J’en attendais une lettre sèche contenant un refus de comprendre mon vœu à peine exprimé, ou tout au plus l’assentiment mal gracieux d’un homme contraint de faire son devoir. Point du tout. Il arriva ici, par retour du courrier, pour ainsi dire, et il opéra lui-même les préparatifs du départ avec une sollicitude minutieuse qui me donna le remords d’avoir méconnu en lui un brave cœur.

« J’aurais voulu accompagner mon pauvre convalescent à Sennecey ; mais l’on était à la fin de juin. Charles finissait sa dernière année d’études qui ne pouvait être interrompue. Cécile aussi, quoique plus jeune, avait aussi à suivre ses cours jusqu’en août. Il fut décidé qu’à cette époque seulement, j’amènerais les enfants à Sennecey.

« Hélas ! nous y étions tous les trois bien avant cette époque, appelés pour donner un dernier adieu à leur père qui n’eut pas même la consolation de les voir, de les embrasser. Mais je dois passer sur ces souvenirs cruels…