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dame. Ici, ce sont les chiffons de terre qu’on possède.

« Nous restâmes là une huitaine de jours seulement. J’aimais la villégiature, mais non pas dans une maison quasi rustique située dans la grande rue d’un gros bourg, dont le jardin était divisé en carrés potagers et la basse-cour, bruyante avant l’aube des pépiements de la volaille et de l’appel strident des coqs. Puis je l’avouerai : sans être envieuse, je me sentais agacée au cours des promenades en char-à-bancs qui nous menaient chaque jour visiter quelque terre appartenant à mon beau-frère. Je l’appelais tout haut marquis de Carabas ; mais quand je me retrouvais seule avec mon mari, je ne pouvais m’empêcher de remarquer que mon beau-père avait fait bien inégalement le partage de ses biens entre ses trois enfants.

« Louis, qui était très pacifique, ne manquait pas de me répondre :

« — Tu vois comment vivent ces gens-ci. Pouvant manger du pain fait de leur blé, des volailles de leurs fermes, fournis en un mot de toutes les nécessités brutes de l’existence et s’en contentant, ils ne doivent pas dépenser par an plus de deux ou trois mille francs d’argent. Ils placent en terres l’excédent de leurs revenus et Carloman finira par justifier dans une certaine mesure la plaisanterie du comte de Glennes qui prétendait que le plan des Maudhuy était de finir par englober tout le territoire de la commune de Sennecey.