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né. À notre retour d’Italie, elle était pourtant assez bien remise pour me recevoir, et d’après ce que je savais de la situation aisée de mon beau-frère Carloman, je me figurais trouver en elle une dame de compagnie, peut-être un peu arriérée quant à la coupe de ses robes, mais tenant son rang de son mieux.

« Je débutai par une affreuse maladresse en la prenant pour la servante quand je la rencontrai au seuil vermoulu de la maison Maudhuy. Cette étourderie de jeune femme n’était-elle pas excusable ? Elle portait un tablier de cotonnade bleue à carreaux blancs sur sa robe de laine gris poussière ; elle était coiffée d’un bonnet de mousseline à deux rangs de tuyaux ourlés et n’avait vraiment l’air que d’une boutiquière de village, comme supposition la plus flatteuse.

« C’était une excellente personne après tout et qui ne se choqua point de ma bévue. Mais mon beau-frère Carloman avait hérité de l’esprit narquois de son père. — Notez que cette raillerie qui consiste à se rabaisser pour aller au-devant d’une moquerie possible est un trait du terroir, Carloman donc se mit à rire de mon erreur et l’accueillit ainsi :

« — Il n’y a point d’offense, ma sœur, ne vous excusez point. Nous savons bien que nous ne sommes que de pauvres paysans et qu’il vous faudra de l’indulgence pour vous faire à notre simplicité. Toute autre belle dame de la ville se serait trompée comme vous, car à la ville, c’est la robe qui fait la