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Cécile pressentit la possibilité d’un nouveau malentendu et elle voulut le conjurer. Bravement, elle posa ses deux bras sur le cadran de pierre pour empêcher Julien de le soulever. Il se méprit à ce geste et dit à la jeune fille :

— Vous n’êtes pas assez forte, Mademoiselle. Vous vous feriez mal inutilement. N’essayez pas.

— Vous me croyez impatiente de connaître le chiffre de ma fortune, répondit-elle. J’ai un souci plus grand et qui me tient plus fort au cœur. Je suis au désespoir de vous avoir méconnu, et quoique j’en aie bien souffert, cela ne m’acquitte pas envers vous. Dites-moi comment je pourrais effacer cette faute, me la pardonner à moi-même ?

Les rôles, dans leur situation délicate, étaient changés entre eux, Julien se détourna pour ne pas laisser lire dans ses yeux, et ce fut après un moment de silence qu’il répondit :

— Votre estime, Mademoiselle, est d’un si grand prix pour moi qu’elle efface tout le passé.

— Tout le passé ? Ah ! j’espère bien que non. Il n’y a qu’un temps de ce passé que je répudie ; l’autre m’est cher et je ne demande qu’à le retrouver… Vous ne répondez rien. À votre tour, vous êtes cruel. Pourquoi feindre de ne pas comprendre ?

Les mains de la jeune fille étaient tendues vers Julien. Il prit ces deux mains frémissantes et ne put se retenir de les serrer sur sa poitrine ; mais il revint aussitôt à l’esprit de son rôle, et dit à Cécile