Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ger assez tôt leur père de toute obligation pécuniaire à leur égard. Claude et Louis entrèrent à Lyon dans les bureaux du banquier de M. de Glennes, et, grâce à leurs aptitudes, ils s’y firent l’un et l’autre une bonne place.

« Philibert Maudhuy avait cédé, mais à contre-cœur ; sa rancune contre ses deux fils se faisait jour par la manière emphatique dont il les nommait : « Ces beaux messieurs les banquiers », et par les brocards qu’il leur lançait au cours de leurs visites à la régie. Il s’excusait de paraître à table avec des vêtements poudreux au retour des champs ou de quelque foire, se disait confus de sa rusticité devant des citadins d’une telle distinction et tout en guignant de l’œil Carloman, aussi hâlé, aussi mal cravaté et vêtu que lui-même, il articulait un : « nous autres, paysans ! » très narquois.

« Les deux cadets s’aperçurent encore mieux de cette rancune profonde que leur père leur gardait lorsqu’à la mort du régisseur, due à un accident de voiture, l’ouverture du testament leur apprit que leur frère était privilégié. M. Maudhuy avait laissé à Carloman les meilleures terres, la maison paternelle, et le quart en plus dont la loi autorise le don envers les enfants favorisés par le testateur. La part des deux cadets se réduisait pour chacun à une ferme d’environ cent quarante mille francs.

« Résolus à s’associer pour monter une petite maison de banque à Mâcon, ils allaient mettre en vente leur part d’héritage, lorsque Carloman leur