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traiter plus durement que vous ne l’avez fait si vous aviez su que je suis venu les chercher, ces livres, nuitamment et avec des allures de voleur.

— Je vous ai vu, j’étais à ma fenêtre cette nuit-là, dit Cécile d’une voix faible et sans oser lever les yeux.

Elle sentait que si elle avait eu dès cette époque dans le caractère de Julien la foi qu’il méritait de lui inspirer, elle aurait tout conjecturé cette nuit-là, excepté la vilenie dont elle l’avait flétrie. Mais Julien était généreux et il s’empressa de répondre :

— Oh ! je vous remercie de me l’apprendre. J’en suis consolé de tout ce que j’ai subi. Pour en revenir à l’explication que je vous dois, vous souvenez-vous de m’avoir vu tourmenté le jour de votre visite au petit logis, au point de vous consulter sur ce que je devais faire au sujet d’une dernière recommandation de mon parrain ? J’ai failli tout vous dire. Vous m’avez arrêté. Voici quel était mon embarras. Trois jours après son retour du mystérieux voyage à Paris dont il ne m’avait confié ni les motifs ni les résultats, mon parrain m’a remis un papier cacheté en me disant : « Tu liras ceci après ma mort. Ce n’est pas mon testament ; c’est une de mes volontés que tu peux seul mettre à exécution. Il s’agit là des intérêts de ma nièce. » Voilà tout ce que je savais ; je ne m’attendais pas alors à perdre si vite mon parrain. Dès le lendemain sa maladie était déclarée dangereuse par le docteur, et c’est en vain que nos soins ont tenté d’arracher à la mort ce digne homme. J’étais si peu