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gardant tes trois fils auprès de toi, qu’en comptes-tu faire ? de parfaits régisseurs à ton exemple. Mais quand tu auras pris le goût du repos, je n’aurai pas besoin, moi, si je vis encore, de trois régisseurs, et mon choix est fait d’avance, puisque mon filleul aime le métier. Il est juste que je lui donne la préférence sur tes autres fils, eussent-ils tous trois la même vocation. Et puis, ton domaine s’arrondit si bien d’année en année que si Claude et Louis restent aux champs, ils peuvent se dispenser d’une sujétion de régie, et prétendre ne cultiver que leurs propres terres. Mais tu admettras que les vocations puissent différer, et si ces jeunes gens n’ont pas de goût pour le métier de propriétaire foncier, je ne vois pas pourquoi tu les empêcherais de tenter d’autres carrières.

« Mon beau-père se défendit de son mieux en arguant qu’il ne voulait ni ne pouvait dépenser de grosses sommes pour faire de ses deux cadets des avocats ou des médecins, D’ailleurs ses fils ne témoignaient pas d’aptitudes assez remarquables, à son gré, pour imposer des sacrifices au dévouement paternel. Ce que voulaient ces jeunes gens, c’était jouir des plaisirs de la ville ; ce qui leur inspirait de la répugnance pour l’exploitation rurale, c’était une vanité paresseuse dont lui, Philibert Maudhuy, saurait bien venir à bout.

« Après un long débat, le comte de Glennes l’emporta sur le parti pris de son régisseur ; il trouva aux deux jeunes gens un emploi qui devait déchar-