Page:Blandy - Un oncle a heritage.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cécile écoutait, confuse, palpitante.

— Allez ! dit-elle ; vous me trouverez dans la chambre de mon oncle, dans cette chambre où nous avons passé autrefois de si bonnes matinées.

Le choix de ce lieu était à lui seul une réparation. Ce fut là, assise sous le portrait de son oncle, que la jeune fille attendit le retour de Julien. Un monde de pensées s’agitait, tourbillonnait dans sa tête avec une incohérence qui lui rappela la folie dont son frère était atteint. Allait-elle perdre la raison, elle aussi ! Son coeur battait à tout rompre, le son de ses coups répétés lui ôtait la perception des bruits extérieurs. Les coudes appuyés sur la table, et les deux mains collées à ses tempes, elle s’accusait, se trouvait méchante, mais au fond de ce repentir, quelle joie de retrouver pur un sentiment qu’avaient défloré ses injustes soupçons !

La chute d’un objet lourd sur la table la fit tressaillir. C’étaient les deux volumes de Chomel que Julien venait d’y poser. Il était entré sans qu’elle l’entendît ; Mme Trassey était là aussi, et tous deux regardaient la jeune fille éperdue de confusion, de regrets, et qui ne sut que se jeter dans les bras de Mme Trassey en murmurant dix fois le mot de « pardon » qui ne s’adressait pas à elle.

— Vous n’avez pas à vous excuser, Mademoiselle, lui dit Julien ; c’est moi qui dois vous expliquer pourquoi je me suis emparé de ces livres. Vous étiez en droit de me taxer d’indélicatesse si vous vous doutiez que je les détenais. Vous auriez pu me