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ment, sans songer à la portée de cet aveu ; elle rougit tout à coup après l’avoir fait. Mais Julien suivit le cours des questions qu’il avait annoncées.

— Mademoiselle, me donneriez-vous votre parole de ne pas vous dessaisir de votre bien, d’en garder la libre disposition, tout en faisant à votre frère, s’il guérit, une pension convenable ? Je vous le répète, c’est au nom de mon parrain que je recevrai votre promesse.

— Oui, monsieur, je vous jure que je respecterai les intentions de mon oncle, s’il vous a chargé de me les faire connaître. Mais pourquoi si tard et avec cette solennité ?

Julien s’élança vers la porte du salon.

— Attendez-moi un instant, dit-il.

Mais il revint aussitôt sur ses pas. Sa physionomie était changée et ne portait plus trace des fatigues de son voyage.

— Je ne puis pas, dit-il,… vous comprendrez pourquoi lorsque vous me reverrez…je ne puis pas revenir ici par la rue. La palissade est posée à deux pieds de ma haie d’églantiers ; mais je crois qu’en faisant une poussée au coin, je pourrai y passer après avoir fait sauter le loquet cloué de la porte. M’autorisez-vous à commettre ce bris de clôture ? Je vous répète qu’il ne me serait pas possible de revenir dans la rue en plein jour avec ce que je dois vous rapporter et je n’ai pas la patience d’attendre qu’il fasse nuit. D’ailleurs, ma mère viendra avec moi. Je lui dois bien cette récompense.