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qu’elle ne s’était pas crue elle-même, et qu’il lui avait fallu trois épreuves du même genre avant de reconnaître que Charles était perdu pour les siens.

Le seul bienfait pour Mme Maudhuy de ce voyage à Paris fut de lui faire apprécier sa modeste existence de Sennecey et le dévouement de sa fille. Elle aurait voulu détourner sa pensée de ce fils ingrat qui les abandonnait ; et elle ne poursuivait plus Charles de ses lettres pour en obtenir de loin en loin un signe de vie. Trop bonne mère pour en vouloir à son fils, elle déplorait le vice de son cœur et sa seule espérance était qu’un échec à cette fortune bâtie en l’air lui inspirerait des réflexions salutaires et l’arracherait à son tourbillon.

C’était là son unique sujet d’entretien avec Cécile. La monotonie de leur existence était celle de ces lacs à surface unie, dont le fond recèle des gouffres et des récifs aigus.

Chacun s’étonnait à Sennecey que Mme Maudhuy restât absorbée dans ses préoccupations au sujet de son fils et ne s’inquiétât pas d’établir sa fille qui allait atteindre bientôt ses vingt-deux ans. Quelques amies suggéraient à Mme Maudhuy des avis sur ce point, lui indiquaient, à Sennecey et aux environs, les noms des quelques jeunes gens en rapport d’âge et de fortune avec sa fille ; mais elle leur répondait :

— Cécile n’est pas pressée de se marier.

Et elle retombait dans ses redites plaintives au sujet de son fils.