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de l’humble lot qu’il lui avait légué et à mesure que le printemps faisait reverdir le jardin, les premières fleurs étaient portées en tribut par elle dans la chapelle du caveau où reposaient côte à côte son oncle et son père.

Ce désir de revoir Charles devint une telle obsession pour l’esprit de Mme Maudhuy qu’elle finit par en perdre l’appétit et le sommeil.

— Madame, lui disait le docteur Cruzillat, il faut contenter votre sollicitude maternelle, sous peine d’une vraie maladie de langueur. Un changement d’air fera du bien aussi à Mlle Cécile qui se morfond dans un sérieux peu séant à son âge.

Mais Cécile répugnait à retourner à Paris, même pour peu de temps ; elle s’était donné de ces devoirs qui sont pour les âmes souffrantes un dérivatif à leurs peines, et de ces menus goûts qui essaient de tenir lieu du bonheur manqué : elle visitait les malades, donnait des leçons de lecture et de couture aux fillettes pauvres, et se livrait à la culture des fleurs.

À son âge elle pouvait rester seule avec la vieille Nannette dans sa maison où elle ne recevrait d’autre visite que celle de Mme Limet pendant la huitaine que sa mère comptait consacrer à son voyage. Une objection tirée de l’hospitalité que Mme Maudhuy allait recevoir dans la famille Langeron aidait la jeune fille à l’adoption de son plan.

Les Langeron n’avaient qu’une chambre d’amis, et bien qu’ils priassent depuis longtemps Mme Mau-