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gent. Le notaire paya d’une banalité plus consolante la sollicitude de la mère délaissée et répondit à ses questions sur la santé de Charles :

— Oh ! il se porte bien, en homme à qui tout réussit. Il se plaint seulement de fortes migraines qu’il attribue à la tension d’esprit qu’exige le jeu de bourse tel qu’il le pratique. Passer sa vie dans une alternative de gain ou de perte énorme, porte en effet sur les nerfs, et je perdrais le sommeil pour ma part, à cette chance perpétuelle de quitte ou double. Mais je ne suis qu’un bonhomme, moi, qu’un notaire de petite bourgade, et ce que je ne pourrais supporter est l’atmosphère naturelle de votre fils. Je m’explique pourtant qu’il faille pour contrepoids à de telles chances de bascule ces distractions parisiennes qui portent à la tête à la manière des parfums trop forts, qui étourdissent la sensation intense des risques à courir.

Ces nouvelles inspiraient à Mme Maudhuy le désir d’aller à Paris tenter de réveiller chez son fils le sentiment de la famille ; Cécile lui disait que c’était aller chercher un nouveau chagrin. Charles avait trop longtemps aspiré à la vie qu’il menait pour se restreindre à de plus modestes horizons. Toutes leurs causeries sur ce sujet aboutissaient à cette exclamation de Mme Maudhuy :

— Ah ! nous devons notre malheur à cet héritage que je maudis cent fois le jour.

Cécile ne s’associait pas à cette réprobation ; malgré tout, elle était reconnaissante à son oncle