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à ce Parisien gourmé, s’était malignement réjouie de l’insuccès de ses fouilles. Mais on blâmait le vieux M. Maudhuy d’avoir disposé de ses économies en faveur de son autre neveu, au lieu de les léguer à sa nièce. D’autres répliquaient que l’oncle comptait marier Carloman et Cécile et que cette précaution de donner ces capitaux à celui-ci plutôt qu’à celle-là provenait de la crainte, souvent exprimée par lui, que ses économies ne se fondissent en quelques coups de bourse dans les mains du frère de Cécile. Mais puisque l’Américain avait préféré Reine Limet à sa cousine, il aurait dû restituer à celle-ci ce don conditionnel de leur mariage. Et les bonnes langues de Sennecey daubaient sur l’étranger.

Aucun de ces propos n’arrivait aux oreilles des intéressés qui auraient pu réfuter quelques-unes de ces assertions. Le seul événement de l’hiver pour les dames Maudhuy fut le rapport que leur fit M. Limet de la situation de Charles. Le notaire venait de faire à Paris un court voyage nécessité par les intérêts commerciaux de son gendre.

— Votre fils, dit-il à Mme Maudhuy, est en passe de devenir, non pas millionnaire — il a bien ri de cette humble qualification qui m’a échappé devant son luxe — mais riche à millions. Son appartement de garçon est établi tout à fait à la grande, avec tapis dès l’antichambre qui est meublée d’un valet habillé comme un ministre. Mes yeux papillotaient devant tout ce que j’ai vu chez lui de tableaux et